Il y a deux aspects à bien prendre en compte quand on parle d’arrêt d’utilisation des produits phytosanitaires.
Il nous faut d’abord modifier nos pratiques d’entretien, ce qu’on fait déjà depuis des années en effectuant énormément d’opérations mécaniques.
Mais il faut aussi communiquer sur le fait que du 0 phyto va découler un autre standard de qualité des golfs. Car on peut entretenir un parcours sans aucun produit, mais il faudra un degré de tolérance plus important de la part des joueurs.
Par exemple, il sera plus difficile de proposer des fairways sans pâquerettes. Bien sûr on est en train de trouver d’autres méthodes que l’utilisation de produits sélectifs, avec une herse qu’on passe sur les fairways histoire d’obtenir un rendu très homogène, mais ce ne sera pas aussi parfait qu’avec un produit.
Les greens aussi auront nécessairement un visage différent car on ne pourra plus les tondre très bas.
Ils pourront rester fermes grâce à toutes les opérations mécaniques qu’on y pratique, que ce soit des aérations, des sablages et tout ce qui permet de favoriser la pénétration de l’eau en profondeur tout autant que les échanges gazeux.
Lorsqu’on aère un sol on lui permet de fonctionner, on favorise sa vie et son évolution.
Mais s’il faut raisonner l’apport en eau et en fertilisants, il faut aussi raisonner les hauteurs de tonte. Car proposer des greens tondus à 3mm sans aucun produit fongicide, c’est impossible !
Sur nos greens, il nous arrive régulièrement d’être à 5,5mm, ce qui est haut. C’est aussi grâce à cette hauteur de coupe que l’on favorise la fétuque, qui demande moins d’eau et d’intrants, et que l’on obtient une qualité de greens constante tout au long de l’année.
Entretien avec Charles Debruyne, Directeur du Golf du Touquet
Le label va nous permettre de communiquer auprès des membres de notre golf et des autres joueurs en leur expliquant notre démarche d’entretien globale. C’est un moyen de faire savoir au sens premier du terme, car de notre côté la politique d’entretien est la même depuis une bonne dizaine d’années.
C’est d’autant plus intéressant que beaucoup d’entre eux jouent en Espagne, au Portugal ou encore au Maroc sur des golfs qui sont sur-fertilisés, manucurés et par conséquent très verts… Nous devons parfois faire face à des retours négatifs sur le parcours comme quoi il n’est pas assez vert ou encore n’a pas suffisamment cette fameuse tonte croisée que l’on voit à la TV… Il y a une éducation importante à mener : un golf ne doit pas être entièrement vert. Dans notre ADN, surtout sur le parcours de « La Mer », un golf en été n’est pas vert. Le label va permettre de placer toute la politique d’entretien en perspective et c’est aussi important pour l’équipe de terrain qui voit que ces pratiques vont dans le bon sens.